Mickael 'Nick' Nichols - ELEPHANTS

Depuis 1992, Michael Nichols, dit « Nick », et le chercheur J. Michael Fay observent et analysent le comportement des éléphants en Centrafrique, et plus récemment, dans le parc national de Zakouma, au sud-est du Tchad, et dans la réserve nationale de Samburu, au Kenya. Or, en dépit des efforts concertés des défenseurs de l’environnement, la population d’éléphants africains diminue, très vite, à cause du fléau des braconniers et du commerce illégal d’ivoire, comme l’écrit ici Nichols, dans sa préface. Ce n’est pas la première fois que Nichols souligne le lien entre les hommes et les animaux pour expliquer son objectif plus large de protection de l’environnement. Une partie de son projet précédent avec Michael Fay, le « Mega-Transect » de quinze mois à travers plus de mille cinq cents kilomètres de forêts tropicales et de marais, du nord-est de la République démocratique du Congo jusqu’à la côte du Gabon au coeur de l’Afrique, avait pour but d’analyser l’impact de l’empiètement de l’homme afin de pouvoir agir contre cette menace. Nichols a accompli un travail extraordinaire pour préserver les tigres, les gorilles ou les chimpanzés, entre autres créatures avec qui nous partageons notre planète. Sa lutte pour conserver l’habitat et les sanctuaires animaliers – il a travaillé avec les plus grands experts, de Jane Goodall à George B. Schaller – a toujours eu le même butl: protéger ces animaux extraordinaires de la violence inimaginable qui leur est infligée, voire de l’extinction. Son combat n’est en rien sentimental, même si la mission qu’il s’est imposée a une dimension d’aventure, parfois « romantique ». Comme ses camarades photographes de guerre, Nichols examine la relation entre un malfaiteur et ce qu’il détruit ou exploite, entre une victime et un bourreau. Il doit affronter le mal et la cupidité dont nous, êtres humains, en tant qu’espèce, sommes capables, et avancer avec pragmatisme à partir de ces données, plutôt que de chercher à atteindre un idéal inaccessible de « royaume de paix ». Comme d’autres avocats motivés par leur conscience et la conviction profonde qu’il est possible de changer les choses en témoignant, Nichols ne cesse de donner voix à l’Autre, les animaux, toujours avec courage, afin de montrer ce que ces bêtes vivent. Il est impossible de rester aveugle à leur souffrance quand on voit ses photos fascinantes d’éléphants ou d’autres sujets. Telle est la force inhérente de ses clichés. Comprendre la façon dont Nichols utilise ses photos pour faire en sorte que la relation entre l’homme et la nature soit fondée sur la connaissance et le respect, c’est comprendre la puissance de ses images, mais aussi celle de sa détermination, de son caractère et de son humanité. Juillet 2008 PAR MELISSA HARRIS